5-8 Jan - Voyage suite et fin de semaine
Dans la série "c'était pas le jour du Bilou", avant même de paniquer, de courir dans l'aéroport ou de me faire fouiller, la journée du départ avait mal commencé. Pas vraiment bien réveillé, je finis ma valise le matin, me pèse avec mes sacs pour voir si je tiens dans les 30 kilos autorisés, ça marche, je suis à 31-32 kilo sur ma balance (rajoutez à ça, 2 ordinateurs portables et un sac à dos plein de livres et de conneries).
Me voilà donc parti avec mes 45 kilos sur le dos direction la gare RER. Là, toujours pas plus réveillé, je ne réfléchis pas 3 secondes, poinçonne mon ticket et ... merde ... J'ai poinçonné un billet pour Paris... Et oui Seb, Charles de Gaulle c'est un peu plus loin au nord... Et radin comme un auvergnat chinois, je me dit que je n'allais pas perdre ce billet et donc qu'il fallait que je me trouve une gare dans Paris pour ressortir du RER et aller chercher un billet pour CDG (mon côté "sérieux, pête c...., rabat-joie" m'interdisant de ne pas payer mes billets).
Laquelle choisir ? Là, m'agitant un peu les neurones, je délaisse les grandes gares à connexions multiples pour me rabattre sur Port-Royal. Trimbalage de valises, achat d'un billet, petite suée et retour dans le RER suivant. Voilà comment on se stresse un coup juste avant d'arriver à l'aéroport...
Mes malheurs n'étant pas terminé, il a fallu que je tombe à côté d'un psychopathe dans l'avion. Ayant trouvé mon siège, poli, je dis bonjour à la personne qui doit partager avec moi ces quelques 11h de vol. Il s'agit d'un jeune homme de 26-27 ans environ, bien habillé en costume mais avec un visage fermé et tendu, limite agressif. Mon salut n'aura eu aucun effet, pas même un regard. ça commence bien. Puis viennent les démonstrations de sécurité qui sont accueillies de sa part par un soupir de dédain du genre "vous me faites marrer avec vos conneries". Puis il commence à s'agiter, tord complètement la pochette à journaux qui est devant lui en mettant les pieds dessus, se retourne, bouge, monte filament sur le siège pour se mettre accroupi, tout ça avec son walkman sur les oreilles et en lisant son livre. C'est chiant mais poli, je ne dis trop rien...
Arrive la distribution des petites pochettes de voyage qu'il rejette d'un revers agressif de la main et d'un grognement. Il commence à me faire flipper un peu ce gars... ça ne s'arrange pas lorsqu'il se met à regarder par la fênetre. Là, je le vois de 3/4 arrière et tout ce qu'il me propose ce sont les muscles de ses machoires qui se contractent rapidement et nerveusement. Super, je suis tombé à côté d'un malade qui va me sauter dessus, me dévisser la tête en plein vol et faire un foot avec juste parce que je l'aurais dérangé dans son sommeil (si jamais il dort...). L'apéritif terminé, l'avion est relativement calme, Christophe et moi faisons une courte pause dans notre discussion lorsque soudain, un gros corbeau noir nous passe devant. Je ne l'ai pas vu venir. Mon voisin s'est soudain levé, a pris appui sur les dossiers de mon fauteuil et de celui de devant et vient de sauter par dessus nos deux sièges pour arriver dans le couloir. Tout ça sans un mot, même pas pour s'excuser de nous avoir foutu son manteau dans la figure à tous les deux. On en reste ébété et avant même qu'on ai réussi à comprendre pourquoi il agissait ainsi, le voilà qui fait un retour tout aussi rapide et pouf, se réinstalle dans sur son fauteil, la tête dans le hublot, son musique-oreilles à fond. Encore plus impoli qu'un chinois !
Au cours des 2 heures qui ont suivies, on a pas mal discuté avec Christophe et puis d'un coup, le gars se retourne vers nous, tout sourire genre je suis votre meilleur pote, nous tutoie et se met à nous poser plein de questions sur notre boulot, sur le climat, la géologie etc. Hallucinant !! Poli je réponds mais plus je fais des réponses courtes genre (tu me saoules, je voudrais manger chaud) plus le gars me relance. Puis il me raconte sa vie, 3 ans en Chine, son boulot, ses collègues chinois qu'il n'aime pas et prend de haut, fais des remarques graveleuses sur le corps de la chinoise qui est assise devant nous, me raconte qu'il est devenu presque chinois à parler fort et à cracher par terre (merci, ça on avait remarqué). Et puis d'un coup, il s'arrête et je n'ai plus entendu sa voix jusqu'à l'arrivé, même quand je lui ai dit au revoir en partant. Complètement allumé le gars...
Vendredi, journée normale au labo, je reprends mes marques, bidouille 2-3 trucs, sors dehors au moment même où miraculeusement 3 flocons de neige sont en train de tomber (rare, très rare à Shanghai) et déjà le soir arrive. Alain et Christophe nous invite avec Marie au restaurant. Là c'est très drôle parce qu'on est allé dans un resto apparemment tenu par des musulmans chinois et forcément même eux ne parlent pas un mot d'anglais. Alors Marie et Alain ont pris une serveuse par la main et on fait le tour du resto en regardant tous les plats qui étaient servis aux autres tables et en faisant leur choix comme ça. Emportés dans leur élan, ils n'ont pas dû se rendre compte de la quantité de plats qu'ils choisissaient, on s'est retrouvé avec une table surchargées de plats en tous genres. Rien de très exotique quoi que certains plats encore trop épicés pour moi mais dans l'ensemble très bon, on s'est gavé...
Samedi, c'est le wee-end ! Grasse mat ? Ben non, aujourd'hui, c'est visite de Shanghai. J'ai dormi 4h après un rien d'insomnie la veille et le rendez vous est à 8h30. Je suis explosé !! Et plus il fait super froid aujourd'hui. Bien qu'Alain et Christophe connaissent mieux la ville que moi y était déjà venu 5-6 fois, ils leur manquait la tour JinMao, la plus haute tour de Shanghai. Je vous ferais un post spécial là dessus. Puis un tour à Décathlon avec eux pour qu'ils fassent quelques achats (et moi aussi... C'est fou ce qu'on peut dépenser comme argent ici). Puis je les laisse aller se perdre dans les petites rues et rentre travailler chez moi. Je n'y arrive d'ailleurs pas parce que je m'endors sur mon clavier puis craquant, je vais me coucher et comme par hasard, je n'arrive plus à m'endormir ! Je suis maudis...
A 17h, je reprends le bus pour la fac, rendez vous pour un dîner avec le labo entier ou presque. Et là, j'ai fait fort. Continuons la série "j'ai testé pour vous". ça commence par un coeur de fleur de lotus fourré de riz collant, gluant, sucré et un peu écoeurant. On enchaîne par des reins de porcs. Pas terrible mais c'est sûrement parce que j'ai su ce que c'était avant d'y goutter. Puis de la méduse. Plus précisément les tentacules de la méduse. Très craquant, cartilagineux, comme le truc bizarre que j'avais mangé avant, pas terrible... Quoi d'autre ? Des jeunes pousses de fougères. Etranges mais pas mauvais. C'est pas fini, arrive le dessert, tranchettes de canne à sucre et boules de riz fourrées à la crème de haricots rouges, rude en fin de repas... Là dessus, une bouteille de vin rouge Dynastie de 1996 qui t'arrache la gorge comme du Beaujolais nouveau. Quand un vin n'est pas bon au départ, il ne vieillira pas bien...
Dimanche matin, traversée de la ville entière pour aller à Ikéa. C'est tout pareil que chez nous, les noms sont en suédois, les bouquins sur les étagères aussi, il y a tout pareil sauf le prix qui peut par moment être fort attractif. Je repars avec des tringles à rideaux, un tapis de douche, une boite à outil, des casiers de rangement à suspendre dans ma penderie et des bougies. ça y est, je vais pouvoir commencer à me sentir chez moi... Après midi au labo, passage par la supérette du campus pour m'acheter des enceintes puis avant de rentrer, un saut au Wumei (le supermarché le plus proche du campus) pour y faire l'acquisition d'un radiateur à huile. Et là, c'est la galère ! il faut déjà choisir le modèle sachant que les boites ne correspondent pas forcément au modèle à l'intérieur. J'en trouve un sympa et cherche une vendeuse. Je saute sur 3 ou 4 qui me disent que c'est pas elles qui s'occupent de ce stand, que la préposée doit être en train de manger, que les astres ne sont pas favorables etc. Finalement, elle arrive, je lui montre le modèle que je veux, elle me répond un truc en chinois en me montrant un carton, je lui dit que le modèle dans le carton n'est pas le même que celui que je veux, ça dure des plombes ce langage de sourds et finalement, elle me montre à nouveau le modèle d'exposition et me dit "没有" (mei you) ne pas avoir. Yes, je fais des progrès moi ! Alors elle semble me dire que c'est la même chose, au même prix alors je dis ok.
Mais pour payer c'est tout un cirque ! Heureusement, elle est sympa et me prend par la main. Jamais je n'aurais imaginé devoir faire tout ça pour payer... Il a fallu aller au rayon cosmétique où se trouve un petit stand avec une dame à laquelle il faut montrer le modèle puis le payer, elle encaisse donc dans le magasin. Ensuite, avec un petit papier et un coup de tampon il faut se démerder pour passer les caisses et aller à l'accueil. Là dessus, marcher sur tout le monde pour tendre son billet en premier sous le nez de la fille derrière son comptoir. Là, elle te remplit un autre bout de papier qu'elle tamponne 2-3 fois et qu'elle te rend (ça doit être un genre de reçu de garantie) et là, elle me met mon radiateur dans un caddie et me pousse dehors. Je me retrouve sur le parking à vélo avec un caddie, tout le monde me regarde parce qu'on a pas le droit de sortir les caddies normalement... Je fais le discret, abandonne la chariote aux pieds des marches du magasin et prend un taxi.
A peine arrivé, je branche ma nouvelle acquisition, le pousse à fond (il fait 9°C). Au bout d'une heure, il fait 11°C et je n'ai pas réussi à aller plus haut que 14°C en fin de soirée. Mais ça allait quand même bien. J'ai du m'habituer au froid et à 14, c'était vivable avec 3 pulls. Seul problème, les pieds qui sont toujours un peu gelés. Mais bon, là dessus, je vais me coucher, je prends la température de mon lit juste pour me marrer, 11°C, c'est frais. Cette nuit, je vais dormir avec la clim réglée sur 20°C et le radiateur en plus, je pense que je vais être bien. Au réveil, prise de température de mon lit à 10cm de là où j'ai dormi : 11°C ! ça n'a pas bougé mais au moins j'ai eu chaud à la tête et le départ pour la douche est moins grelottant.